L'Homme allongéHôpital = Silence !
La maladie fait de nous des allongés, dépendants, fragiles, ballottés par l'univers de l'hôpital. Notre regard de patient se remplit souvent d’effroi devant l’attitude et le mutisme de ceux qui nous soignent. Dans ce témoignage poignant, né de son expérience intime, grave et douloureuse, Claude Llabres exprime, depuis sa position horizontale, impatiences, révoltes et bâtit un plaidoyer pour une médecine qui soignerait les êtres humains avant les maladies.
« Un quart d'heure après mon arrivée au scanner et quelques minutes à la radio et tout est terminé. Et me voilà en attente, de je ne sais quoi, dans un couloir sordide attaché comme une chèvre à mon bocal à roulettes qui me suit depuis six heures du matin. Malgré plusieurs relances, l'attente durera deux heures…
J'ai croisé une blouse blanche à l'échographie. La manipulatrice avait identifié un calcul. J'ai interrogé la blouse blanche mâle de passage sur la façon d'éliminer MON calcul. Avec ce léger voile dans le regard qui vous signale que le savoir (lui) va condescendre à s'adresser à l'ignorance (vous), la blouse blanche m'a répondu "avec la machine à casser les cailloux". Je rêve qu'un jour, le génie des hommes invente la machine à casser les cons. Ce voile dans le regard de celui qui sait, est en mépris, espèce de tissu transparent, imperméable à la souffrance et à la peur de l'autre. Il est sécrété par l’homme lui-même…
… Le plus âgé s'est levé et a pris ses responsabilités (un sur dix, ce sera donc la note que je donne à votre établissement). Il a fait plusieurs bureaux et est venu me dire que les choses étaient réglées. Le radiologue est venu, dans la minute, me dire que son rapport était terminé, qu'il partait à la frappe. Il m'a avec précision, simplement, humainement, dit ses conclusions. C'est Byzance, je suis revenu dans la société des hommes. »
La maladie fait de nous des allongés, dépendants, fragiles, ballottés par l'univers de l'hôpital. Notre regard de patient se remplit souvent d’effroi devant l’attitude et le mutisme de ceux qui nous soignent. Dans ce témoignage poignant, né de son expérience intime, grave et douloureuse, Claude Llabres exprime, depuis sa position horizontale, impatiences, révoltes et bâtit un plaidoyer pour une médecine qui soignerait les êtres humains avant les maladies.
« Un quart d'heure après mon arrivée au scanner et quelques minutes à la radio et tout est terminé. Et me voilà en attente, de je ne sais quoi, dans un couloir sordide attaché comme une chèvre à mon bocal à roulettes qui me suit depuis six heures du matin. Malgré plusieurs relances, l'attente durera deux heures…
J'ai croisé une blouse blanche à l'échographie. La manipulatrice avait identifié un calcul. J'ai interrogé la blouse blanche mâle de passage sur la façon d'éliminer MON calcul. Avec ce léger voile dans le regard qui vous signale que le savoir (lui) va condescendre à s'adresser à l'ignorance (vous), la blouse blanche m'a répondu "avec la machine à casser les cailloux". Je rêve qu'un jour, le génie des hommes invente la machine à casser les cons. Ce voile dans le regard de celui qui sait, est en mépris, espèce de tissu transparent, imperméable à la souffrance et à la peur de l'autre. Il est sécrété par l’homme lui-même…
… Le plus âgé s'est levé et a pris ses responsabilités (un sur dix, ce sera donc la note que je donne à votre établissement). Il a fait plusieurs bureaux et est venu me dire que les choses étaient réglées. Le radiologue est venu, dans la minute, me dire que son rapport était terminé, qu'il partait à la frappe. Il m'a avec précision, simplement, humainement, dit ses conclusions. C'est Byzance, je suis revenu dans la société des hommes. »
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