Il y a vingt ans, les éditions Aubéron ont accueilli avec enthousiasme mon projet de fresque romanesque préhistorique, inspirée d’une hypothétique rencontre entre les hommes de Neandertal et les hommes de Cro-Magnon. Les croisements entre ces deux sous-espèces humaines, envisagés dans mes romans, avaient alors suscité la polémique, une polémique qui s’est poursuivie avec l’adaptation du premier roman au cinéma (UGC 2010). Depuis, le décodage du génome de Neandertal a montré que nous avons tous en nous quelque chose de Neandertal. Mais le mystère de la disparition de ce chasseur robuste et habile, qui pouvait aussi bien être un homme qu’une femme, soucieux des siens, sensible à la beauté et d’une intelligence comparable à la nôtre, demeure. Elle tient probablement à la conjonction de plusieurs facteurs, des circonstances très particulières, qui auraient très bien pu ne pas se produire. Mais de cette tragique disparition, nous pouvons quand même tirer un enseignement, c’est celui de la fragilité de notre espèce. Notre intelligence, nos capacités d’adaptation et d’organisation, notre sensibilité, notre dextérité manuelle ne nous mettent pas à l’abri d’une extinction.
Espèce parmi d’autres ou chef-d’œuvre ultime de l’évolution, nos besoins vitaux sont les mêmes que ceux de la plupart des animaux. Sans doute mieux à même de supporter des niveaux de pollution qui auraient terrassé nos lointains ancêtres, nos organismes n’en sont pas moins lourdement impactés. Une bonne partie des efforts de la science consiste à chercher des remèdes aux maux que nous avons provoqués. Notre dépendance envers les machines est devenue si grande que nous ne pouvons imaginer d’en être privés qu’en terme de chaos.
Mais, derrière ce raccourci forcément un peu caricatural, il y a les gens. Des gens en général plutôt bien intentionnés. Ils font ce qu’ils peuvent, ils sont nés là dedans, ils essaient de s’adapter, il faut bien, non ? Ils aiment leurs enfants, leurs animaux. Ils ont de la compassion, ils font des efforts mais ils ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois. Peut-être que ce serait mieux que chacun reste chez soi ? Il y a déjà l’inflation, les salaires qui n’augmentent pas… Bien sûr, il faut faire quelque chose. Ça ne peut pas continuer comme ça. Mais qu’est ce qu’on peut faire, nous ? Ils ont des insomnies, ils dépriment, ils se démènent. Mais ils rêvent aussi d’autre chose. Il y en a même qui résistent. Et de plus en plus. Ils font des émules. Certains ont des choses à dire. Mais encore faut-il leur donner la parole ! C’est tout le projet de cette collection. « Chemins de Résistance », tout simplement.
Résister à quoi, à qui, comment ? Ce sont eux qui nous le diront. Pour la liberté, toujours, pour la responsabilité, pour un avenir, une histoire que d’autres ont écrit pour eux et dont ils voudraient changer la fin. Pas forcément de grandes théories, il y en a déjà beaucoup et des bonnes. Mais du dialogue, des réflexions, des questionnements, des idées, des espérances et quelques réponses en forme de parcours de vie, d’expériences et de propositions.
Le premier livre de notre collection s’intitule Les Gardiens de la Terre. Une belle ambition ! Qui sont-ils ? Une secte branchée des Pyrénées ? Pas vraiment. Plutôt des gens dispersés, parfois même un peu égarés.
Dyscalculique, elle n’avait pas les bonnes cartes pour se faire une place dans ce monde ultra balisé qui ne lui tendait pas les bras. Entre deux missions intérim, depuis la fenêtre du minuscule appartement qu’elle partageait avec son copain, elle rêvait d’horizons lointains pour échapper à la dérive. Elle-même n’aurait pas misé un euro sur ses chances d’intégration dans cette région rurale du centre de la France où le hasard a conduit ses pas, une de ces régions qu’on appelle la France profonde avec mépris. Elle n’a alors que dix-neuf ans, pas d’argent, pas vraiment de métier. Elle pensait rester quelques jours pour donner un coup de main dans une ferme, en attendant qu’une agence intérim l’appelle. Quinze ans après, elle est toujours là. C’est bien d’un cheminement dont il est question ici, un voyage en terre inconnue, une aventure humaine jalonnée de rudes combats et de retournements de situation.
Au gré des péripéties et des coups d’éclat, un regard sur soi-même et sur les autres se dessine, empreint de lucidité et de bienveillance, porté par une détermination farouche à vivre autrement, au milieu des gens et des robots. C’est le récit de l’éveil d’une conscience politique et d’une responsabilité, une proposition pour une voie différente, accessible à tous, qui intègre au lieu d’exclure.
Bienvenue sur la planète Terre, notre deuxième livre, à paraître prochainement, au titre alléchant, nous entraîne sur un autre chemin de résistance, tout aussi escarpé et semé d’embûches que le précédent, sur les pas d’Hélène, une sage-femme qui a voué sa vie à aider celles qui le souhaitent à mettre leur enfant au monde chez elles, en toute sérénité. Différent dans sa forme, le parcours d’Hélène s’est construit avec une même détermination, à partir de ce sentiment de nécessité et d’urgence qui conduit à la résistance.
On lui attribue la sagesse. Pourtant, on ne lui fait pas confiance. Trop simple, trop libre, l’accouchement à domicile échappe à la naissance programmée, ultra sécurisée, contrôlée, médicalisée, imposée aux femmes d’un pays réputé progressiste.
Pourquoi une telle opposition, une telle réticence des institutions et du corps médical envers cette aspiration féminine à se réapproprier ce moment intime, intense et mystérieux, de leur existence de femme ? Quel enjeu pour ce combat dans une société de plus en plus technicisée et aseptisée, écrasée sous le poids des normes et des règlements ?
Ce sont ces questions parmi d’autres que Julie Rolland est allée poser à Hélène. Coordinatrice d’une association d’éducation populaire, écologique et sociale, qui forme des mineurs en difficulté, notamment migrants, aux techniques de l’éco-construction, elle est l’une de ses femmes qu’Hélène a aidé à mettre ses enfants au monde à la maison. Elle a voulu rendre compte de ce combat pour un droit des femmes, la liberté et la sobriété. Pour rendre à cet acte sa dimension naturelle et spirituelle, évacuer la peur, démystifier et déculpabiliser.
Pierre Naudin 1923/2024 : un centenaireIn memoriam
Pierre Naudin, né le 28 novembre 1923 à Choisy-le-Roi et décédé le 11 décembre 2011 à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, fut journaliste, puis rédacteur en chef pour divers journaux et magazines. Il avait publié des essais polémiques sur le sport et plusieurs romans, parmi lesquels Les Mauvaises Routes (Gallimard -1959) qui furent unanimement salués par la critique. Sa fascination pour le XIVe siècle, la lecture de ses chroniqueurs Jean Froissart et Jean le Bel, ses minutieuses et patientes recherches, le conduisirent ensuite, durant 35 ans, à se vouer entièrement à l’écriture richement documentée des romans du Cycle d’Ogier d’Argouges, du Cycle de Tristan deCastelreng, du Cycle de Gui de Clairbois et du Cycle Richard de Clairbois , publiés aux éditions Aubéron. Les trois premiers furent ensuite repris ensuite dans la collection de poche Pocket.
Salon du Livre de Paris : devant les vingt sept volumes de ses quatre fresques historiques sur la guerre de cent ans.
Ainsi, depuis le succès en 1978 des Lions diffamés, combats, amours et tribulations des trois héros de ces épopées historiques haletantes, ont
entraînés avec passion des milliers de lecteurs fervents dans les tumultes, les frasques et les turpitudes de la guerre de Cent Ans. Du désastre de l’Écluse au bourbier d’Azincourt, ces fresques de feu, de fer et de sang, sans équivalent, ressuscitent et raniment de façon magistrale, jusqu’en
leurs moindres détails, les lumières et les ombres de cette période de l’histoire médiévale en France et en Europe.